Saint-Denis et ses amis Caddos (Natchitoches)

Louis Juchereau de Saint-Denis à Natchitoches (artiste Larry Crowder)

Située sur la rive droite de la rivière Rouge du Sud, dans le nord-ouest de la Louisiane, la ville de Natchitoches est traversée par le lac de la rivière aux Cannes (Cane River Lake) qui occupe un long bras mort de la rivière Rouge. Cette ville, fondée en 1714, quatre ans avant la Nouvelle-Orléans, est la plus ancienne colonie permanente de la Louisiane française à l’ouest du Mississippi. Elle doit sa fondation et ses débuts prospères à un officier canadien, grand ami des Natchitoches, l’une des trois confédérations d’Amérindiens caddos qui vivaient le long de la rivière Rouge. Voici comment est né ce poste commercial baptisé Fort Saint-Jean Baptiste des Natchitoches, dont la situation ne devait rien au hasard…

En 1714, l’officier canadien Louis Juchereau de Saint-Denis, bon connaisseur des territoires à l’ouest du Mississippi, était chargé d’établir une route commerciale vers les colonies espagnoles. Il avait tout particulièrement l’estime des Natchitoches qui occupaient un élargissement de la rivière Rouge parsemé d’îles et de bras d’eau. Saint-Denis leur demanda de construire deux bâtiments pour entreposer ses marchandises et laissa ensuite sur place quelques soldats pour faire du commerce et vivre auprès d’eux. La petite colonie des Natchitoches était née…

Un fort privilégié et protégé

Chapelle du Fort Saint-Jean-Baptiste (photo American Adventure)

Deux ans plus tard, le fort Saint-Jean Baptiste fut construit sur une île voisine, pour protéger la frontière ouest de la Louisiane française. Ceci n’empêcha pas les soldats du fort d’établir des relations commerciales amicales et lucratives avec les Espagnols. L’emplacement du fort était à la fois privilégié et protégé. Les terres étaient fertiles et la navigation bloquée en amont de la rivière. Une explication s’impose…

Juste au nord de la colonie commençait un enchevêtrement d’arbres qui tapissait la rivière Rouge de façon discontinue en amont sur plus de 200 kilomètres (The Great Raft). Ce phénomène étonnant était dû à des sols très sensibles à l’érosion lors des inondations périodiques, libérant ainsi les arbres des forêts dans la rivière. Une telle barrière naturelle ne pouvait que protéger le commerce ! Depuis cette époque, le cours principal de la rivière Rouge a cependant bien changé. En 1979 le fort Saint-Jean Baptiste, aujourd’hui disparu, fut reconstitué sur la rive ouest du lac de la rivière aux Cannes, à quelques centaines de mètres seulement de son emplacement d’origine sur une île de…la rivière Rouge.

Le Great Raft (photo Noel Memorial Library, LSUS)