Carondelet au rendez-vous des Pères

Carondelet est un quartier résidentiel de la ville de Saint-Louis, au bord du Mississippi, près de l’embouchure de la rivière des Pères. Pourquoi « des Pères » ? C’est en effet sans doute à cet endroit que s’étaient installés, à l’automne 1700, les Kaskaskias (tribu de la confédération illinoise) et les Français qui vivaient auprès d’eux, accompagnés par deux prêtres jésuites.

La colonie franco-amérindienne n’y resta pourtant que deux ans et demi et migra de nouveau pour fonder plus au sud le village de Kaskaskia. L’endroit tomba ensuite dans l’oubli pendant plus de soixante ans, tant que dura le régime français.

Fondation de Carondelet

Rivière des Pères (Photo Mapcarta)

La prise de possession de la rive gauche du Mississippi par les Anglais, effective en 1765, poussa de nombreux villageois du Pays des Illinois à s’installer sur la rive droite du grand fleuve, officiellement espagnole depuis 1764. Ils s’installèrent au village de Sainte-Geneviève, fondé vers 1750, ou, plus au nord, au village naissant de Saint-Louis. C’est précisément un habitant de Sainte-Geneviève, Clément Delor de Treget, un Français de Cahors (Quercy), qui fonda le village de Carondelet en 1767 et le dédia à l’agriculture. Tombé sous le charme du lieu, il avait construit sa maison de pierre quelques kilomètres au nord de l’embouchure de la rivière des Pères, très vite rejoint par d’autres colons d’origine française…

D’abord nommé « village de Delor », le village changea plusieurs fois de nom jusqu’à recevoir le nom de « Carondelet » en 1796, en l’honneur du baron François Louis Hector de Carondelet, gouverneur de la Louisiane espagnole. Mais le plus étrange est que les prêtres de Saint-Louis lui avaient attribué le surnom de « vide poche ». Deux hypothèses sont avancées pour expliquer cette réputation. Les habitants étaient pauvres et sans-le-sou (avaient les poches vides) ou alors ils payaient leur dîme sans chagrin remplissant les vides poches ! Cette réputation n’est plus aujourd’hui qu’un fascinant fait français d’un passé lointain au Midwest américain.

Retour à la rivière des Pères…

En 1700, les prêtres jésuites Pierre-Gabriel Marest (Marais) et Jacques Gravier (voir photo en tête) avaient accompagné les Kaskaskias et leur chef Rouensa dans la recherche d’un nouvel emplacement au sud de la rivière des Illinois. Une fois arrivés à l’embouchure de la petite rivière aux eaux claires et poissonneuses connue aujourd’hui sous le nom de « des Pères », en face de Cahokia, ils avaient décidé de s’y installer. Quelques coureurs de bois s’étaient joints à eux. Au printemps 1703, ils avaient quitté les lieux pour se rapprocher de la toute nouvelle colonie française à une centaine de kilomètres.